Zinedine, Bertrand, Stefan, Léo et nous autres…

Terreur à Bombay, bombes sur l’aéroport de Beyrouth, famille décimée à Gaza… Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes posssibles en ce 13 juillet 2006. Le Grand incendie que nous chantait Noir Désir en 2001 n’en finit pas d’embraser la planète… Et que font les Pompiers? Ils récupèrent du Mondial?!

Non, non, non: Pas de coup de calgon!

Juste un coup de gueule au sujet du coup de tête de Zidane! Ce coup de boule qui la fait perdre, la boule, à quelques millions de supporters tricolores… Et aux médias de l’Hexagone!

Grand moment de télévision, hier, à 19h40 sur Canal +! Un Zidane en veste kaki sur les épaules, qui nous la joue à la Corto Maltese face à un Denisot limite obséquieux tellement il se délecte de SON interview exclusive…

Que finissons-nous par apprendre après vingt minutes de palabres? Que Materazzi a insulté la mère et la soeur du capitaine de l’équipe de France en des « mots très durs », « répétés plusieurs fois » sous les yeux de plusieurs millions de téléspectateurs du monde entier; et que Zidane aurait préféré « se prendre une droite dans la gueule plutôt que d’entendre ça ».

Cela, nous le savions déjà. Pas besoin de lecture labiale!

Les excuses finissent par tomber juste avant 20 heures, le top pour les Journaux télévisés français… Le plan médias est bien rodé… « Je m’excuse auprès des enfants », lâche le héros… « Mais je ne peux regretter mon geste. » Un geste qui n’est pas pardonnable, concède l’artiste du ballon rond. Mais regretter serait donner raison à la lâche provocation du transalpin, défend le fils de Kabyle…

Un argumentaire qui ne convainc pas… Le staff qui briefe, débriefe et rebriefe le Zizou aurait-il mal fait passer le message? « Le héros de la tête nationale » comme a joliment titré le Canard enchaîné nous replonge ainsi au coeur du sinistre cycle des représailles qui sévit un peu partout. A cet « Oeil pour Oeil, Dent pour Dent » de l’Ancien Testament et ses saignants stigmates…

En 1936, il y a soixante ans, en pleine montée du nazisme, l’écrivain juif allemand Stefan Zweig finit de rédiger un texte prémonitoire intitulé « Conscience contre Violence » (1) dans lequel, à partir de l’affrontement jusqu’à la mort entre Calvin et Sébastien Castellion, il nous donne à penser sur une cause d’une brûlante actualité: celle de la liberté et de la tolérance face aux intégrismes résurgents. Un document devenu introuvable pendant cinquante ans, heureusement réédité l’an dernier…

Terminons ce billet en musique avec Léo Ferré, anarchiste né un 14 juillet (le comble!), chanté par Bertrand Cantat (2)… Avec « des armes, des chouettes, des brillantes… Des bleues comme la terre qu’il faut se garder au chaud au fond de l’âme, dans les yeux, dans le coeur, dans les bras d’une femme qu’on garde au fond de soi comme on garde un mystère… (…) Des armes qui mettent de la poésie dans les discours… Des armes des poètes de service à la gachette pour mettre le feu aux dernières cigarettes… (…) Des armes brillantes comme une larme… »

Citoyennes, Citoyens,

A demain!

1) Conscience contre Violence, Stefan ZWEIG. Ed. Le Castor Astral

2) Des Visages, des Figures, NOIR DéSIR. Barclay, 2001

10 Comments

  1. Bon, en même temps, le père Ferré, il donne raison à Zidane. N’a-t-il pas écrit: « les armes et les mots, c’est pareil, ça tue pareil ».
    Zizou s’est pris une rafale de mots à bout portant. Il confirme que ça fait mal. D’où son vilain coup de boule, désormais clairement revendiqué. Du coup, c’est la France qui a des « Bleus » à l’âme.

    Il paraît que « la violence appelle la violence ». C’est stupide, mais l’homme n’est qu’un animal pensant et parfois il pense mal. Le Hezbollah enlève deux soldats: Israël bombarde et quinze enfants sont tués. Si quelqu’un peut justifier ça, qu’il m’explique.

    Très drôle, ce matin, Michèle Alliot-Marie (ministre française de la défense) sur France Inter. Je cite de mémoire: « La guerre aujourd’hui ne touche que les civils. Je pense aux familles des deux soldats/… ». A ce compte-là, toutes les guerres n’ont touché que des civils: parents, frères, femmes, enfants des pauvres bougres qui enfilaient l’uniforme pour aller se faire massacrer sur le champs de bataille. Bel exercice de langue de bois de la dame qui, pendant l’entretien, se refuse à condamner l’intervention d’Israël. Jusqu’à ce que le journaliste qui l’interviewe annonce que Douste-Blazy (ministre des affaires étrangères) « condamne une action de guerre disproportionnée ». Petite péripétie de la diplomatie.

    Dans votre papier, chère Claudine, nous avons donc:
    Bertrand Cantat, chanteur de Noir Désir: pétage de plomb dans la sphère de l’intime.
    Zinédine Zidane, joueur de football: pétage de plomb dans la sphère du collectif.
    Quant à Israël, il ne s’agit bien sûr pas d’un pétage de plomb, mais, pour reprendre les mots de Douste-Blazi, d’une « action de guerre disproportionnée ». On se situe plutôt dans le champ politique.

    Quoi qu’il en soit, vu la belle fraternité qui règne ici et là, on n’est pas sorti de l’auberge.

    Zorg

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  2. Vive la désinformation et l’hypocrisie!
    Non mais Zidane nous prendrait-il pour des buses?
    Ses excuses pour les enfants du monde entier se terminent par un « je ne regrette rien », voilà un magnifique exemple pour nos bambins déjà confrontés malgré eux « tous les jours » à des scènes de violence, qu’elle soient télévisuelles ou autres…
    Et ses explications, vagues, imprécises, laissent franchement à désirer… Il aurait soit disant vu rouge pour une banal insulte de terrain de foot, « fils de p… » n’est-elle pas l’insulte favorite de nos amis en shorts et crampons?
    Ne serait-ce pas plutôt une insulte de type raciale ou religieuse qui aurait fait voir rouge le héros du ballon français?
    Affaire à suivre…

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  3. OK, j’avoue, je connais quelques paroles:
    Allon-z-enfants de la Patrie
    Le jour de gloire est arrivé
    Contre nous De la tyrannie
    L’étendard sanglant est levé…

    Môme, je comprenais rien à ce charabia. Maintenant que je comprends, j’aime bien les joueurs de foot qui refusent de clamer ce truc débile.

    Django? Le Django? Devait pas comprendre les paroles…

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  4. Les médias ont ça d’extraordinaire qu’ils vivent en vase clos et s’autoalimentent. Je vais finir par regretter Edmée !!!

    La presse monte de toute pièce un « tête à tête » exclusif avec Zizou, puis consacre des lignes et des lignes à disserter sur ce qu’elle a créé elle-même. Une véritable prise de tête ! Et vous, vous foncez… tête baissée dans le piège en commentant … à tue tête ce que vous qualifiez vous même de non-information.

    Ah, vous, les journalistes, quand vous avez quelque chose en tête ! Edmond, lui, en a par dessus la tête des ces prétendues analyses et pense qu’il faut vraiment avoir du plomb dans la tête pour offrir à ce coup de tête de Zizou les têtes de chapitre des principaux quotidiens.

    Bon d’accord, Zizou à la tête de l’emploi et fait vendre ! Mais sachons tête sur les épaules garder ! Ne fonçons pas bille en tête dans la facilité en cherchant des poux dans la tête de cet artiste du ballon qui n’a jamais été considéré comme une forte tête mais qui paye cher son tête-à-queue. Déjà que son geste va coûter les yeux de la tête, n’en rajoutons pas !

    Je vous promets que pour faire ce billet, je me suis véritablement … creuser la tête.

    Et bonjour à Edmée !

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