Au pays de Condie…

Visite surprise de la secrétaire d’Etat américaine à Beyrouth qui déclare que la situation des Libanais est « préoccupante » et qu’il serait « urgent » que les combats cessent… Plus qu’hier?

Mais l’Urgence… Quelle est-elle pour ces femmes, ces enfants et ces hommes poussés sur les routes par les bombardements, cachés dans les montagnes, terrés dans des camps de réfugiés à Gaza, sans eau ni électricité… Tandis que Rome se prépare à la hâte pour accueillir la réunion du « Core Group » – les cinq du Conseil de sécurité + les pays voisins du Liban »…

Pensées caniculaires et « caligulaires », nées de cogitations issues de la torpeur dominicale…

Le mercure qui atteint des sommets attaquerait-t-il les neurones? Il faut raison garder, certes, face aux « événements »… Mais la rengaine sur la nécessaire « prise de distance » face à la tragédie qui a pour théâtre le Liban et Gaza ne nous autorise pas à nous voiler la face et à diluer nos responsabilités journalistiques comme citoyennes. La situation ne commande-t-elle pas plutôt un sursaut moral de part et d’autre?

Pourquoi se perdre en conjectures ou en invectives… Gaspiller un temps précieux à stigmatiser des « pro » ou des « anti »? « Silence, on bronze »*(1)… serait-il le leitmotiv dans de nombreuses rédactions en quête d’un impossible journal des bonnes nouvelles?

Le conflit est pourtant à nos portes, ses répercussions potentielles réelles pour tout le monde; l’info est là, à disposition, pour celles et ceux qui veulent bien ouvrir les yeux… Et appeler les choses par leur nom, libérer la parole – seule voie possible de l’acceptation mutuelle…

« La guerre au Proche-Orient », Le Monde en a fait sa têtière de page 3; André Fontaine a même pris sa plume dans l’édition de samedi pour livrer une brillante analyse marquée – hélas – par une coquille sur la composition du moribond Quartet chargé de gérer le dossier israélo-palestinien…

« Liban-Gaza: Face aux propagandes rivales, la vérité sur une tragédie » Dans Marianne, J.F Kahn s’engage…

Hier soir, sur Das Erste, Sabine Christiansen (http://www2.sabinechristiansen.de/) réalise un vrai débat autour du thème « Wie weit darf Israël gehen? »

La nouvelle est tombée hier soir, sur le fil, à 22h41: Israël accepterait une force internationale telle que définie par Kofi mais… à des conditions de taille (des troupes européennes sous contrôle de l’OTAN)… L’optimisme semble néanmoins de rigueur dans les rangs diplomatiques…

Il faudra pourtant bien un jour que les causes originelles du conflit soient mises en lumière. Sans quoi… ce que l’écrivain américain Barry Lopez* (2) appelle « l’un des plus vieux rêves de l’humanité » – qui consiste à « trouver une forme de dignité suscpetible de s’appliquer à toute forme de vie » – sera définitivement MORT.

* (1) Revue Médias, Juin 2005

* (2) Résistance, Barry Lopez. Ed. Actes Sud, 2006

2 Comments

  1. Faudra bien que l’on s’attaque ausi aux causes réelles et profondes du conflit, sur le plan régional, cette guerre du Liban n’est que la convulsion du conflit moyen oriental, dans sa dimension palestienne du moins, et pourqoui pas le problème du Golan, la situation qui n’en fini pas en Irak, l’Afghanistan, l’Iran, le probléme kurde, le dévelopement ou le manque de dévelopement , de démocratie adaptée, de corruption matérielle et morale etc etc

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  2. Faut-il encore une Conférence internationale…qui accouchera d’une nouvelle souris…prise au piège avant même d’avoir touché au fromage… Et quand? Bien sûr qu’il faudra en passer par là…

    Mais bien rares sont encore les hommes et les femmes de bonne volonté qui s’évertuent à faire l’effort de conscience nécessaire afin de prendre la mesure des événements.
    L’onde de choc, les ondes de chocs, seront terribles…

    Bienvenue dans l’ère des nouveaux barbares…

    Il paraît qu’il ne faut pas « se forcer » à être triste pour le Liban, a déclaré le Sage Pascal Couchepin au Matin Dimanche…

    A-t-on besoin de se forcer à être triste devant l’horreur de ces enfants sacrifiés dont la mort va nourrir celle d’autres enfants, de toute une génération de nouveaux kamikazes, comme l’écrit JJ. Roth dans son éditorial du jour?…

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