Au moment où les acteurs politiques de la Guinée affutent leurs armes en vue de la présidentielle prévue le 11 Octobre prochain, un coup de tonnerre retentissant s’est abattu sur l’échiquier politique nationale: l’alliance entre l’Union des Forces Démocratique de Guinée (UFDG) du principal leader de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo et le Forces Patriotiques pour la Démocratie et Développement (FPDD) de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara.
CONAKRY
PAR MAMADOU*
Les ennemis d’hier sont devenus les amis d’aujourd’hui, la polémique autour de ce mariage ne cesse d’enfler à Conakry. Pour certains, cette alliance a sa raison d’être, car c’est la seule possibilité pour Cellou de remporter la prochaine échéance électorale grâce un probable report de voix dans un éventuel deuxième tour.
C’est l’idée défendue par le camp du leader de l’UFDG. D’autant plus que Sidya Touré, allié de Dalein lors de l’élection de 2010 ne souhaite pas renouveler le deal, selon le porte de l’UFR, M. Tall.
Ousmane Gaoual Diallo, député de l’UFDG, affirme quant à lui que l’alliance s’est faite entre les deux partis politiques et non entre les deux hommes… Une précaution s’il advenait que le capitaine soit inquiété par la justice sur son rôle dans le dossier du 28 septembre?
Pour les autres, Cellou Dalein a signé le pacte avec le diable. Au lendemain du massacre du 28 septembre 2009, c’est le même Dalein qui accusait l’ex-putschiste d’être le principal responsable des crimes perpétrés au stade de Conakry, lors d’un rassemblement de l’opposition et de la société civile guinéenne, réprimé dans un bain de sang sans précédent: plus de 150 personnes tuées par (balles réelles, armes blanches), sans oublier les nombreux disparus, des dizaines de femmes violées et séquestrées durant les jours suivant la tuerie…
Ils dénoncent une alliance contre-nature qui n’aurait jamais dû avoir lieu et ne se produit uniquement car Dalein a perdu le soutien de Sidya.
Il faut rappeler que Cellou Dalein a été l’une des victimes de bastonnade lors de cette manifestation du 28 septembre 2009, ce qui lui avait d’ailleurs valu une évacuation en France où il avait reçu des soins.
Manifestement, observent de nombreux Guinéens, la politique a eu raison de la morale. Une nouvelle fois.
Dadis, quant à lui, est en exil au Burkina Faso depuis l’attaque dont il avait fait objet de la part de son ex-aide de camp.
D’un coté donc, le chef de file de l’opposition se positionne pour un éventuel second tour en espérant bénéficier du soutien du Capitaine à travers d’un report de voix de ce dernier en sa faveur car il jouirait d’une certaine popularité au sein de la région forestière, ainsi qu’au sein des forces armées.
Mais, de l’autre, l’on sait que les consignes de vote sont peu suivies en Guinée. La dernière présidentielle en fait foi. Il est par ailleurs très difficile de mesurer la véritable popularité du Capitaine étant donné qu’il n’a pas encore participé à une élection.
Enfin, Dadis pourrait être inculpé et condamné par la justice si sa responsabilité est avérée.
*MAMADOU est un prénom d’emprunt choisi par l’auteur de cet article pour des raisons de sécurité