Cyberfable 2.0

La bloggeuse, ayant bloggué,

tout l’été

Se trouva un peu fourbue

Quand la bise fut venue:

Les gros caprices du Réseau,

A l’ère médiatico-technologico…

Les mystères de la Toile,

La tempête dans les voiles,

Le prisme de l’hyperterrorisme,

et son cortège de « ismes »…

A quoi bon s’en aller crier pitié chez Madame Araignée,

Après avoir osé s’aventurer

En quête de la réalité de la virtualité,

Y’a-t-il d’autre choix que de continuer…

Tenter de s’exprimer…

Même si les fils sont tissés,

bien serrés et acérés…

Que maint plaintes d’Ariane

sourdent du Labyrinthe sans âge

Que Pénélope s’obstine à son ouvrage

Toujours sans nouvelles d’Ulysse,

quelque part égaré dans cette Méditerranée

prête à s’enflammer…

Entre taureau blanc et Minotaure,

La Vieille Europe s’emmêle les naseaux

Tandis qu’à ses portes

Déferlent ces radeaux

De la colère et la misère

Tandis qu’au pays du Cèdre,

réduit en cendres

le Garibaldi est en première ligne

A guetter les signes

On se fait taxer de Cassandre

Même les Sages aguerris

en appelent aux Prophéties *(1)

espèrent en l’improbable

pour qu’il nous sauve du désastre annoncé

La bloggeuse ayant bloggué tout l’été

en cette journée

internationale de la pauvreté

aimerait nous encourager

à une petite minute de responsabilité

et vous promet

dans son prochain billet

un peu plus de légèreté…

1) Prophéties, Bloc-Notes, Edgar Morin dans Le Monde des Religions, juillet-août 2006

5 Comments

  1. ÉPILOGUE

    La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
    Les courants d’air claquent les portes et pourtant aucune chambre n’est fermée
    Il s’y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
    Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu’on n’en peut plus baisser la herse

    Quand j’étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
    Ah comme j’y ai cru comme j’y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux
    Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
    Et ce qu’il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change

    J’écrirai ces vers à bras grands ouverts qu’on sente mon coeur quatre fois y battre
    Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
    Je suis le faucheur ivre de faucher qu’on voit dévaster sa vie et son champ
    Et tout haletant du temps qu’il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

    Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
    Vous n’aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
    Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix
    Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes

    Bien sûr bien sûr vous me direz que c’est toujours comme cela mais justement
    Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l’engrenage
    Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage
    Est – ce qu’on peut avoir le droit au désespoir le droit de s’arrêter un moment

    J’écrirai ces vers à bras grands ouverts qu’on sente mon coeur quatre fois y battre
    Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
    Je suis le faucheur ivre de faucher qu’on voit dévaster sa vie et son champ
    Et tout haletant du temps qu’il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

    Songez qu’on n’arrête jamais de se battre et qu’avoir vaincu n’est trois fois rien
    Et que tout est remis en cause du moment que l’homme de l’homme est comptable
    Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d’épouvantables
    Car il n’est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien

    Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
    Rappelez vous que nous avons aussi connu cela que d’autres sont montés
    Arracher le drapeau de servitude à l’Acropole et qu’on les a jetés
    Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l’histoire

    J’écrirai ces vers à bras grands ouverts qu’on sente mon coeur quatre fois y battre
    Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
    Je suis le faucheur ivre de faucher qu’on voit dévaster sa vie et son champ
    Et tout haletant du temps qu’il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

    Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
    En face pour savoir en triompher Le chant n est pas moins beau quand il décline
    Il faut savoir ailleurs l’entendre qui renaît comme l’écho dans les collines
    Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l’ensemble des chants

    Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu’une voix se taise
    Sachez le toujours le choeur profond reprend la phrase interrompue
    Du moment que jusqu’au bout de lui même le chanteur a fait ce qu’il a pu
    Qu’importe si chemin faisant vous allez m’abandonner comme une hypothèse

    J’écrirai ces vers à bras grands ouverts qu’on sente mon coeur quatre fois y battre
    Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
    Je suis le faucheur ivre de faucher qu’on voit dévaster sa vie et son champ
    Et tout haletant du temps qu’il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre.

    Louis Aragon.

    Ma contribution à ce jour de la pauvreté. Même s’il s’agit, ici, des erreurs toujours répétées. Mais l’homme, toujours, succède à l’homme, et c’est le même fracas, la même peur, les mêmes défaites. « Un jour, pourtant, un jour viendra… »

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  2. Chère Fabienne, et bien oui, justement, c’est bien en pensant à ta maîtrise du genre de la fable et en souvenir d’une d’elles en particulier que tu avais joliment baptisée « La chatte et le Lion » que je me suis essayée à l’exercice…
    A quand une nouvelle fable signée de ta plume? Histoire d’égayer ce mois d’octobre qui n’en finit pas…

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  3. Cette année encore, la journée internationale de la pauvreté a été un succès. En effet, on n’a jamais compté autant de pauvres dans le monde. Comme au Téléthon, on nous promet un nouveau record pour l’année prochaine…

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