Salut!
Tout d’abord, un grand bravo à la vaillante équipe d’Italie pour son panache! Quel spectacle et quelle fête dans notre bonne ville de Genève… Un petit bémol néanmoins concernant la grande fête du ballon rond… Adhérér ou subir, il faut indéniablement choisir: Impossible d’échapper à cette Coupe du Monde de football… Ne pas communier dans ces jeux du cirque contemporains serait-ce péché social mortel?
Please, pas de procès d’intention, je vous l’assure: je ne suis pas une « anti-footeux » primaire. J’ai pratiqué longtemps ce sport d’équipe qui comporte bien des vertus… Alors, pourquoi ce couplet sur la Planète Football et ses dérives? Et bien, vous le devez à l’Ami Edmond, le premier blogueur à s’aventurer à pas feutrés « sous les pavés, la Page… »
Edmond est quelque remonté contre notre Edmée. Ses saillies à l’endroit des Bleus dans sa chronique « Vipère au pied » de la TG l’irritent. Et il le lui fait savoir… Je saisis donc le ballon au bond pour vous proposer en partage quelques réflexions sorties de la torpeur de ces soirées footballistiques qui enflamment la ville du bout du lac depuis près d’un mois.
Jamais débauche de drapeaux nationaux n’a été aussi manifeste aux fenêtres genevoises. Jamais non plus le sentiment anti-français ne s’est exprimé avec une telle vigueur – une telle rancoeur? – lors d’une compétition sportive. Le T-Shirt clamant « Je supporte l’équipe de Suisse ainsi que toute équipe qui battra la France » en est la triste illustration. Jamais enfin la Schadenfreude n’a paru aussi vivace…
On hasarderait bien avec plaisir et sans trop de risque quelque hypothèse sur les causes d’une telle tension entre deux peuples voisins… L’exacerbation du populisme ambiant n’est sans doute pas pour rien dans ces vulgaires manifestations nationalistes. Mais l’objet n’est pas ici de pénétrer les mystères relationnels et identitaires qui séparent les détenteurs de passeports à croix blanche des citoyens de la République française. Le sujet mériterait une thèse!
A quelques heures de l’affrontement Portugal-France sur la pelouse allemande, ce petit billet vise juste à nous rappeler avec simplicité que le sport est bien la continuation de la guerre par d’autres moyens. Une guerre symbolique mais une guerre quand même… Un sociologue s’est attaqué à la question dans un récent ouvrage « Le football, une peste émotionnelle- La barbarie des stades » (1) dans lequel il analyse comment la « footballisation du monde » implique une infantilisation et une régression culturelle qui ne nous prépare pas des lendemains qui chantent…
Pendant que la Vieille Europe – et ses peuples par procuration – se disputent le titre de champion du monde, la guerre, la vraie – celle qui tue les enfants, endeuillent les mères, laissent des hommes entre la vie et la mort jusqu’à la fin de leurs jours – se poursuit. Avec constance. Dans l’indifférence. Et la fatalité. Dans les territoires palestiniens occupés, en Irak, en Afghanistan…et ailleurs.
Alors, le football, opium du peuple et désormais de ses élites? La question mérite d’être posée. La sociologie du sport reste à faire, affirmait le défunt philosophe et passionné de foot Jacques Derrida, juste avant sa mort.
En attendant, bon shoot, bon match…
Et « Allez les Bleus! »
1) « Le football, une peste émotionnelle- La barbarie des stades », Jean-Marie Brohm et Marc Perelman
Bonjour,
Eh bien, un tir au but sera toujours moins meurtrier qu’un tir d’obus, et si les vélléités combatives des hommes peuvent se limiter aux terrains de football, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Que l’on fournisse donc un ballon à tous les grands garçons qui, ici et là, massacrent allègrement leurs semblables.
Au-delà du vocabulaire volontiers guerrier qui accompagne ce genre de manifestation, ce qui dérange le plus, c’est le sentiment qu’il ne s’agit plus de « jouer » mais de ne « pas perdre ». Exit le football d’antan et place au réalisme, cette fameuse vertue dont on nous rebat les oreilles et qui graisse les rouages du libéralisme économique.
Au nom de ce fameux réalisme, on a envoyé au purgatoire l’utopisme, le rêve, la solidarité, bref, tout ce qui fait que l’homme pouvait s’élever au dessus de la fourmi et, qui sait, atteindre à une sorte de « ravissement ».
Il s’agit désormais d’être « efficace ». Au boulot, sur les terrains de sports, dans son couple. Une efficacité qui tourne à vide, dépourvue de gratification autre qu’immédiate et au final assez frustrante. Il paraît que la nature a horreur du vide. Dommage que la nature humaine, elle, semble désormais n’aspirer qu’à ça.
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